Une faune et une flore diversifiées

Le Grand site de France Massif du Canigó, de par sa diversité géologique, climatique et topographique est composé d’une grande diversité de milieux et abrite une multitude d’espèces animales et végétales remarquables. Cet écosystème unique en son genre constitue un patrimoine naturel important à différentes échelles, comme en attestent les différents périmètres de protection : 1 réserve naturelle régionale, 3 réserves naturelles nationales, 1 réserve biologique dirigée en cours de création, 1 réserve de chasse et de faune sauvage et 11 sites Natura 2000, dont 5 animés par Canigó Grand Site (massif du Canigou, Conque de la preste, Canigou-Conques de la Preste, Fenouillèdes et Pins de Salzmann du Conflent).

La zone de plaine du Conflent

Vue sur la plaine du Conflent depuis les hauteurs de Prades, ©JC Milhet

La zone de plaine du Conflent est historiquement connue pour sa grande richesse en biodiversité. Celle-ci était en partie due à l’alternance de haies, de cultures méditerranéennes extensives (vergers…), de prairies de fauches semi-naturelles, de prairies temporaires et de milieux aquatiques temporaires ainsi qu’à la présence du corridor fluvial de la Têt. Aujourd’hui, seules les zones de matorrals et les espaces cultivés sans produits phytosanitaires sont encore très riches en biodiversité, en particulier pour les arthropodes, l’herpétofaune, l’avifaune et la flore.

Les Balcons nord

Évoluant entre le Conflent et les Fenouillèdes, les balcons nord granitiques sont issus de l’orogénèse pyrénéenne. Ils présentent un paysage méditerranéen emblématique composé de chaos et de mattorals. Les versants sud et est, abrités de la tramontane mais recevant une influence humide du marin, présentent des milieux et végétations très thermophiles relevant du mésoméditerranéen strict. Outre un nombre important d’espèces patrimoniales classiques pour la France, comme le Grand-duc d’Europe, le Monticole Bleu, le Circaète Jean-le-Blanc, la Proserpine, la Magicienne dentelée ou encore le Lézard ocellé, on y observe des percées d’une faune et d’une flore méditerranéennes débordant de la péninsule ibérique ou du thermoméditerranéen, dont la répartition est souvent très limitée en France. C’est le cas de l’Allosore fausse ptéridie, l’Allosore de Tineo, le Criquet printannier, le Cytise arboré, le Damier de la Succise, le Peucédan de Catalogne ou encore le Psammodrome d’Edwards. Le site Natura 2000 « Fenouillèdes », situé sur le plateau de la Roupidère (Rodès) et se prolongeant jusqu’à Montalba-le-Château présente des fourrés et des landes thermophiles dominants, qui s’entremêlent avec des prairies humides ou sèches valorisées par de la fauche ou du pâturage (ovins, équins et bovins). Plus localement, on retrouve des milieux aquatiques temporaires (fossés et mares d’origines anthropiques, mares cupulaires granitiques et cuvettes argileuses inondables d’origines naturelles). Très riche en ressource florales en fin d’hiver et au printemps, les balcons nord constituent un réservoir important pour les pollinisateurs qui garantissent la production des exploitations agricoles du territoire et le bon fonctionnement des écosystèmes.

Vue depuis Montalba le Chateau, sur les Balcons Nord, ©JC Milhet.

Le massif du Canigó et les contreforts du massif du Madrès

Atteignant l’étage alpin, le massif du Canigó et les contreforts du massif du Madres sont caractérisés par des vallées très escarpées, creusées par les affluents de la Têt.

Au sud-ouest, le massif du Canigó présente un développement du relief en plas d’altitude, unique en son genre dans les Pyrénées. Exposé à l’ouest à un climat atlantique, le massif subit, malgré son altitude, une forte influence méditerranéenne venue de l’est. Ces particularités climatiques et à la situation détachée de la chaîne des Pyrénées créent des ambiances micro-climatiques singulières favorisant une grande diversité d’habitats, la présence d’espèces orophiles, sténoèces et l’émergence de taxons endémiques à responsabilités patrimoniales très élevées pour la France.

Cinq étages bioclimatiques sont présents :

– L’étage mésoméditerranéen (< 600 m) parsemé de chaos granitiques, abrite des forêts de chêne vert et de chêne liège, de la garrigue, du maquis, des cultures fourragères avec cortège de plantes messicoles, des prairies de fauches, des corridors fluviaux ainsi que des mares temporaires.

Psammodrome d’Edwards, ©Simon Combet

Cette mosaïque paysagère très diversifiée héberge une faune et une flore caractéristiques et remarquables comme le Bruant ortolan, la Pie-grièche à tête rousse, la Noctuelle des Peucédans, le Psammodrome d’Edwards, la Grenouille de Perez, la couleuvre astreptophore, la Magicienne dentelée, le Lupin à feuille étroite, la Gratiole officinale ou encore plusieurs espèces d’Isoètes dont l’Isoète voilé.

– L’étage supraméditerranéen (600/1200 m) présente des forêts à dominante de chêne pubescent, des châtaigniers et des peuplements indigènes de pins de Salzmann.

Forêt de pins de Salzmann, ©Simon Combet

On y retrouve une biodiversité particulière et très localisée en France comme le Pic de Sharpe, le Circaëte Jean-le-Blanc, l’Antaxie Catalane, l’Oedipode cévenole, le Velouté de Catalogne, le Ciste visqueux, la Petite coronide, ou encore le Carabe rutilant.

– L’étage montagnard (1200/1700 m) est composé de forêts mixtes (Hêtre, Sapin pectiné, Bouleau, Pin sylvestre, etc.), de travers rocheux abruptes entaillés par de nombreux torrents voire de prairies rases pâturées. Cet écosystème est colonisé par des espèces spécialistes comme l’Apollon, l’Hermite, le Gomphocère fauve-queue, le Bouvreuil pivoine, l’Hélice du Canigou, le Calotriton des Pyrénées, la Vipère aspic ou encore l’emblématique Desman des Pyrénées. C’est également à cet étage ou bien à l’étage subalpin que niche le Gypaète barbu.

– L’étage sub-alpin (1700/2200 m) est constitué de forêts à présence quasi-exclusive du pin à crochets, de landes à Rhododendron ou à Genêt purgatif et zones humides. On y trouve la Perdrix grise des Pyrénées et le Grand tétras.

Pla du Cady, ©Simon Combet

Au sein de cette mosaïque végétale s’épanouissent aussi le Bec-croisé des sapins, la Chouette de Tengmalm, la Grenouille rousse, l’Aeschne des joncs, l’Azuré des géranium, de l’Oedipode stridulante, de la Marmotte des alpes ou encore le Botryche simple et la Pensée de Bubani.

– L’étage alpin (>2200m) se distingue par ses éboulis, ses pelouses et landes d’altitudes. On y découvre des espèces hautement spécialisées à des conditions très rudes.

Crête du Barbet, ©Simon Combet

C’est entre autres le royaume du Lagopède alpin (en forte régression, il représente un enjeu faunistique exceptionnel du site). On peut également rencontrer le Crave à bec rouge, le Monticole de roche, le Moiré cantabrique, la Zygène des sommets, l’Hélice de Gérone, le Sténobothre catalan, l’Androsace de Haller et la Pulsatille de printemps.

L’étage nival, anecdotique au début des années 2000, a probablement disparu.

Schéma des étages de végétation sur le Massif du Canigó, d’après H. Gaussen